L’entreprise Atari a archivé l’ensemble de sa revue Atari Coin Collection. C’est un petit mensuel de 4 pages qui fait état de l’actualité sur les machines et les jeux Atari, sur la location de leurs machines, sur les stratégies de l’entreprise, de ses secteurs de développement, … C’est une sorte de baromètre de l’entreprise. Ces petits ouvrages évoquent également certaines initiatives avec leurs machines, notamment quand elles sont utilisées pour des tournois. On comprend assez facilement que par ce biais Atari veut mettre en lumière tout ce qui se fait dans l’entreprise et avec ses machines. Cela peut donner des idées et permettre à ces initiatives d’être plus nombreuses.
Le premier exemple de ce type d’article paraît dans le Volume 1 Numéro 4 de Mars 1977. Il met en avant des événements ayant eu lieu à Des Moines dans l’Iowa (États-Unis). Pendant trois semaines sur les mois de Février et Mars 1977 a lieu un grand événement sportif scolaire (High School) autour du Basket et de la Lutte. Ce sont des centaines de jeunes gens qui se retrouvent dans les hôtels de la ville. Un hôtel a l’idée d’aménager pour l’occasion une « game room », à la place d’une de leur salle de réception, pour que les enfants aillent se détendre dans cet espace. Le concept a très bien fonctionné et l’article évoque qu’un mini tournoi aurait pu être organisé pour rendre l’espace encore plus attractif. Atari ouvre la porte à la compétition sur ses jeux et ses bornes d’arcades. Elle veut stimuler cette activité. Il est donc possible de croire que localement des petits tournois ainsi que des courses au meilleur score ont lieux. Le côté compétitif et performance du jeu vidéo se développe progressivement dans l’esprit des joueurs.
Dans son édition d’Août 1977, pour la première fois, Atari évoque l’existence d’un tournoi sur ses machines. Il a lieu à San Jose en Californie. Il est co-organisé par une salle d’arcade : Time Zone et une radio : KLIV. Les participants peuvent repartir avec l’un des 3 flippers mis en jeu pour l’occasion, des flippers « The Atarians » développés par Atari.
Pour remporter un des flippers, il faut réaliser le score le plus proche possible de la moyenne des scores effectuée par l’ensemble des disc-jockeys de la radio. Une semaine de sélections est effectuée pour participer à ce tournoi. Pour être sélectionné, il faut écouter la radio et l’écouter au moment d’une phase de sélection de participants. On peut imaginer qu’à un instant t, la radio demande à ce qu’on appelle le standard pour tenter d’être sélectionné. Les sélectionnés s’affrontent ensuite sur les machines pour essayer de remporter les lots. Le gérant de Time Zone de l’époque, Ted Olsen, explique que l’événement a rapporté plus d’argent à la salle d’arcade que l’investissement consenti. En plus de créer une émulsion au moment de la compétition, l’événement a mis la lumière sur son activité et il a attiré et fidélisé de nouveaux clients. Ted Olsen explique également qu’il compte rééditer l’expérience et proposer d’autres événements de ce type. Il est persuadé que ce type d’événement est bon pour les revenus de sa salle d’arcade.
En plus de mettre la lumière sur ce type d’événement, Atari permet aux lecteurs de comprendre les bénéfices de la compétition pour les salles d’arcades. C’est un levier important pour fidéliser le public et apporter de nouveaux clients. L’appât du gain apporte une forme de curiosité sur les activités ainsi que l’envie de se challenger. La recherche d’une performance induit forcément de pratiquer régulièrement l’espace et de jouer régulièrement sur les machines. Assurer l’existence de ces tournois c’est construire une forme de fidélisation et développer l’envie de « try hard ». Expression que l’on pourrait traduire par le fait de s’efforcer à jouer avec pour optique de s’améliorer et d’être toujours meilleur aux jeux pratiqués. Par ces petits tournois, on peut imaginer la naissance de participants récurrents et de la naissance des premiers champions locaux, c’est-à-dire, des joueurs s’entraînant longuement sur les machines (ici Atari), pour s’assurer la meilleure performance possible et gagner les petits tournois de leur localité. Si les tournois sont récurrents, comme l’annonce T. Olsen, on peut considérer que la fin des années 1970 marque la naissance de la première génération de joueurs esports amateurs. Des joueurs pour lesquels, le plaisir de jouer se transforme en plaisir de gagner et de performer. Cette tendance naissante se confirme avec les volumes de l’année 1978.
Source supplémentaire : http://www.atarimania.com/atari-magazine-coin-connection_56.html